François Hollande, redevenu député du Parti socialiste (PS), votera la motion de censure contre le gouvernement Bayrou déposée par son groupe, pour participer au« coup de semonce »sur les retraites, mais il est prêt à l’avenir à soutenir des mesures concernant les femmes ou la pénibilité si l’exécutif les présente au Parlement.
« J’ai une position de principe : ne pas ajouter de l’instabilité à l’immobilisme. Je suis donc opposé à toute précipitation du calendrier électoral », a d’abord défendu, samedi 28 juin dansLe Parisien, l’ancien président de la République, défavorable à ce que le nouveau gouvernement soit censuré (il avait voté la censure de Michel Barnier).« Mais je comprends la démarche du groupe socialiste d’adresser un coup de semonce au gouvernement, qui a manqué à son engagement de déposer un texte sur les retraites au lendemain du “conclave”. Donc, je voterai la motion de censure dès lors que le RN[Rassemblement national]ne s’y associera pas », a ajouté le député de Corrèze.
« Pour la suite, je soutiendrai toutes mesures favorables pour les retraites des femmes, pour l’abaissement de l’âge de départ sans décote, et surtout pour la reconnaissance de la pénibilité si le gouvernement venait à les reprendre malgré l’obstruction du patronat », a poursuivi M. Hollande.
L’ensemble dugroupe PS a déposé une motion de censure, reprochant à François Bayrou de ne pas avoir respecté l’engagement de revenir immédiatement vers le Parlement après l’échec du « conclave » des retraites. Ils espéraient que pourrait y être discutée une remise en cause de l’âge de départ en retraite à 64 ans.
Cette motion devrait être soumise au vote mardi, selon plusieurs sources parlementaires, mais n’a aucune chance de recueillir les 289 suffrages nécessaires, en l’absence des voix du RN qui renvoie une éventuelle censure aux débats budgétaires de l’automne.
Quoi qu’il advienne, le PS n’aura« plus aucune indulgence »à l’égard du premier ministre et adoptera une position très ferme lors de la discussion du budget 2026, a prévenu dimanche sur LCI son premier secrétaire, Olivier Faure.« Nous souhaitons que François Bayrou ne soit plus premier ministre et qu’il y ait un véritable changement, que nous trouvions un interlocuteur à Matignon », a poursuivi M. Faure, interrogé sur les propos de François Hollande, et mettant en garde :« Il n’y aura pas deux fois la même main tendue. »
François Bayrou s’est dit, de son côté, prêt à« trancher »à la place des partenaires sociaux s’ils ne s’accordaient pas d’ici à la« mi-juillet », et à mettre certaines mesures en débat même sans accord global, en intégrant par exemple des points de consensus au projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) qui sera débattu à l’automne. Devant la presse,il a défendu dans la semaine des« avancées »déjà actées, comme l’amélioration du calcul de la retraite pour les femmes ayant eu des enfants ou l’abaissement de l’âge de départ sans décote, à 66 ans et demi contre 67 ans actuellement.
Sur le volet international, l’ancien président de la République s’inquiète par ailleurs du recul des valeurs démocratiques.« Si nous n’entravons pas ce processus, les conflits s’installeront durablement. C’est le rôle de l’Europe et de la France en particulier que de l’enrayer. Et non pas de le subir », a-t-il expliqué, reprochant aux Européens de ne pas être assez fermes face au président des Etats-Unis, Donald Trump.