Après plusieurs semaines de consultation des partis et groupes politiques, François Bayrou a déclaré, dimanche 29 juin, qu’« il y a une majorité »pour instaurer un scrutin proportionnel aux élections législatives, tout en reconnaissant que la réforme ne fait pas l’unanimité« au sein du socle commun[gouvernemental],[où]il y a des sensibilités différentes ».
« Donc, je présenterai ce texte après que nous aurons eu le travail budgétaire »qui doit se tenir à l’automne, soit« à la fin de cette année »soit en début d’année 2026, a affirmé le premier ministredans l’émission « Le Grand Jury » de RTL-Public Sénat-Le Figaro.« Comme on va avoir une discussion budgétaire, il est nécessaire de ne pas diviser », a-t-il ajouté, interrogé sur le calendrier de la réforme, qu’il avait un temps envisagé de présenter au Parlement en septembre. Il refuse d’acter tout« recul ».
Les membres du gouvernement issus des Républicains (LR) sont vivement opposés à cette réforme. Leur président, Bruno Retailleau, également ministre de l’intérieur et donc chargé de l’organisation des élections, avait dit qu’il refuserait de« porter »une telle réforme. Il a redit dimanche, sur BFM-TV, qu’elle rendrait« structurel »le« bazar »à l’Assemblée. M. Bayrou a toutefois déclaré dimanche avoir« confiance dans ses capacités pédagogiques »pour convaincre d’ici là, estimant qu’« on ne peut pas continuer comme ça »dans l’Hémicycle.
M. Bayrou a entamé le 30 avril une série de consultations des forces politiques. Le premier ministre défend une proportionnelle intégrale par département comme en 1986, alors que depuis l’instauration de la VeRépublique (à l’exception des législatives de cette année-là), les députés sont élus au scrutin majoritaire à deux tours.
Le Rassemblement national (RN), favorable à une proportionnelle avec une prime majoritaire, a fait savoir qu’il pourrait s’accommoder du modèle de 1986. Le camp présidentiel est, lui, divisé : le MoDem y est favorable, Horizons y est opposé et Renaissance va interroger ses militants tout l’été, avant un vote en septembre.
Interrogé par ailleurs sur le dossier des retraites dimanche, François Bayrou a redit que le « conclave » des partenaires sociaux, qui s’est achevé sur un constat de désaccord, n’était« pas du tout »un échec car syndicats et patronat étaient« à l’extrême bord d’un accord ».
Le premier ministre a aussi promis de présenter son grand plan de redressement des finances publiques le 15, le 16 ou le 17 juillet, et mis en garde contre la« division »,« le plus sûr moyen de couler tous ensemble ».
François Bayrou a également minimisé la motion de censure déposée par les socialistes, qui sera débattue mardi mais que le RN ne devrait pas voter, remettant la menace d’une chute du gouvernement à plus tard, à l’examen du budget à l’automne. Le premier secrétaire du Parti socialiste,Olivier Faure, a prévenu dimanche sur LCI qu’il n’aurait« plus aucune indulgence »à l’égard du gouvernement Bayrou.
Le leader centriste, à Matignon depuis décembre, a également balayé les accusations d’immobilisme qui le visent régulièrement, assurant qu’il n’y a pas d’apéritifs ni de longs dîners à Matignon, et qu’il travaille chaque jour de 7 h 30 à minuit, et estimé qu’il faisait à cet égard l’objet d’« accusations destinées à nuire ».