Attentat de Magnanville : Mohamed Lamine Aberouz condamné en appel à la perpétuité

La cour d’assises spéciale de Paris a confirmé, samedi 21 juin, en appella condamnation de Mohamed Lamine Aberouz à la réclusion criminelle à perpétuitéavec une période de sûreté de vingt-deux ans pour complicité dans l’assassinat d’un couple de policiers à leur domicile de Magnanville, dans les Yvelines, le 13 juin 2016.

La cour a reconnu le Franco-Marocain de 31 ans coupable de tous les chefs d’accusation qui le visaient, soit complicité d’assassinat d’une personne dépositaire de l’autorité publique, complicité de séquestration d’un mineur de moins de 15 ans et association de malfaiteurs terroriste.

Ses avocats, Vincent Brengarth et Nino Arnaud, ont annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) le pourvoi de leur client en cassation.« Il n’y avait en réalité aucune marge de manœuvre. C’est en matière antiterroriste le doute qui profite à l’accusation et non à l’accusé. La juridiction a pris la décision d’ajouter un deuxième homme dans un agissement solitaire », ont réagi les avocats de la défense.

En première instance, Mohamed Lamine Aberouz a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une période de sûreté de vingt-deux ans. Vendredi, l’avocate générale, Naïma Rudloff, avait demandé à la cour, composée de sept magistrats professionnels, de confirmer cette décision.

« Je vous assure que je n’ai aucune responsabilité dans votre malheur », avait affirmé Mohamed Lamine Aberouz en regardant depuis son box les membres de la famille de Jessica Schneider et Jean-Baptiste Salvaing, les deux victimes de Larossi Abballa.« Celui qui a mené un djihad, c’est Larossi Abballa. C’était sa volonté funeste. Il ne m’a pas consulté. Je regrette de l’avoir fréquenté et de m’être laissé berner », a ajouté l’accusé. Il a réitéré sa« condamnation ferme et absolue »de l’attentat.

Le soir du 13 juin 2016, Jessica Schneider, 36 ans, fonctionnaire de police au commissariat de Mantes-la-Jolie, a été égorgée à son domicile sous les yeux de son fils de 3 ans. Un peu plus tard, son compagnon, Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant au commissariat des Mureaux, a été poignardé de neuf coups de couteau alors qu’il s’apprêtait à rentrer chez lui. Un même assassin : Larossi Abballa, ami de l’accusé.

Adepte d’un islam rigoriste, déjà condamné dans une affaire d’attentat djihadiste, Mohamed Lamine Aberouz n’a cessé de proclamer son innocence dans cette affaire en affirmant que Larossi Abballa avait agi seul.

Au Brésil, le peuple indigène qui replante sa forêt : « Bientôt, les arbres vont pousser, et avec leur ombre, les animaux reviendront aussi ! »

ReportageDepuis 2023, des Maxakali, dans l’Etat de Minas Gerais, se forment à l’agroforesterie avec l’objectif de restaurer la forêt atlantique, dont il ne reste plus que 24 % de la superficie d’origine dans le pays.

Armés de débroussailleuses, 15 jeunes hommes du peuple indigène maxakali s’attaquent aux hautes herbes qui ont englouti bananiers, anacardiers,roucouyers et pois d’Angole plantés sur la pente d’une colline de la vallée du Mucuri, un vaste territoire recouvert de prairies situé dans le nord-est du Minas Gerais, dans l’est du Brésil.

La tâche semble ardue. Les engins, bruyants, soulèvent des nuages de graminées broyées qui affolent les insectes et piquent les yeux, malgré les lunettes de protection. Et les herbes sont tenaces. Leurs tiges s’accrochent dans les hélices des moteurs des machines, forçant les jeunes hommes à les démêler régulièrement et retardant la libération des arbres qui, peu à peu, réapparaissent enfin.

Ce peuple autochtone de 2 629 personnes, surtout connu pour ses chants rituels et sa capacité à préserver sa langue, a entrepris le reboisement de son territoire, autrefois recouvert par la forêt atlantique. Soutenus par l’équipe de chercheurs de l’Institut Opaoka, spécialisé dans les questions socio-environnementales, et grâce à un financement public de 8 millions de reais (1,24 million d’euros), 30 membres de la communauté se forment aujourd’hui à l’agroforesterie.

Contactés pour la première fois par les colons portugais au XVIᵉ siècle, les Maxakali – qui se désignent eux-mêmes comme les « Tikmũ’ũn » (« nous, hommes et femmes ») – étaient autrefois constitués de plusieurs groupes qui parcouraient librement la riche forêt tropicale du sud de Bahia et de l’est du Minas Gerais, dont ils dépendent toujours pour leur subsistance. Mais l’avancée de la colonisation, conjuguée aux conflits avec d’autres peuples autochtones, les a contraints à se regrouper et à s’installer, au XVIIIᵉ siècle, dans cinq petits villages du nord-est de la vallée du Mucuri.

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En Syrie, l’arrestation de Wassim Al-Assad marque la première interpellation d’une figure de la famille du président renversé

Il n’occupait pas de fonctions officielles importantes au sein de l’ancien régime syrien mais sa réputation le précédait. Wassim Al-Assad, cousin du président renversé Bachar Al-Assad, a été arrêté, a annoncé, samedi 21 juin, le ministère de l’intérieur syrien.

Dans un communiqué, le ministère précise que les services de renseignement et d’autres autorités sont parvenus à« attirer le criminel Wassim Al-Assad »dans le cadre d’« une embuscade soigneusement préparée qui a permis son arrestation ».

Il est« considéré comme l’un des trafiquants de drogue les plus notoires et impliqué dans plusieurs crimes sous l’ancien régime », poursuit le texte, sans donner plus de détails sur les accusations portées contre lui.

L’agence de presse officielle SANA, citant une source sécuritaire non identifiée dans la province de Homs, a précisé que Wassim Al-Assad avait été arrêté à la frontière syro-libanaise. Un responsable de la sécurité, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a déclaré à l’Agence France-Presse que l’arrestation avait eu lieu, samedi, dans la région de Tell Kalakh, dans la province de Homs, près de la frontière.

Wassim Al-Assad est la première figure importante de la famille Assad à être arrêtée depuis qu’une coalition emmenée par des islamistes a renversé le pouvoir le 8 décembre, mettant fin à plus de cinq décennies de règne sans partage du clan Al-Assad.

Bachar Al-Assad a, lui, rapidement fui en Russie avec un cercle restreint de fidèles, abandonnant plusieurs hauts responsables et cadres sécuritaires, dont certains auraient trouvé refuge dans des pays voisins ou dans le bastion côtier de la communauté alaouite à laquelle appartient la famille Al-Assad.

Ces dernières années, Wassim Al-Assad, qui se présentait comme un« commissionnaire en douane », avait publié sur les réseaux sociaux des photos de lui à côté de voitures de luxe, parfois vêtu d’uniformes militaires, armé et en train de tirer, parfois entouré d’hommes en armes.

Wassim Al-Assad est sous sanctions du Trésor américain depuis 2023 pour avoir dirigé une unité paramilitaire. Le Trésor ajoute qu’il était« une figure clé du réseau régional de trafic de drogue ».

Depuis leur arrivée au pouvoir, les nouvelles autorités ont annoncé plusieurs arrestations de responsables de la sécurité de l’ère Al-Assad. Elles se sont engagées à mettre en place une justice transitionnelle, mais des exécutions sommaires et actes de vendetta ont régulièrement lieu, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

En avril, elles avaient ainsi annoncé l’arrestation de Sultan Al-Tinawi, un ancien officier redouté des services de renseignement de l’armée de l’air, l’un des piliers de l’appareil sécuritaire du clan Al-Assad.

Dans la bande de Gaza, 17 nouvelles personnes tuées par les forces israéliennes, dont huit qui attendaient l’aide humanitaire, selon la défense civile

Dix-sept personnes, dont huit qui attendaient de l’aide humanitaire, ont été tuées par l’armée israélienne, samedi 21 juin, a déclaré le porte-parole de la défense civile, Mahmoud Bassal, à l’Agence France-Presse (AFP).

Cinq d’entre elles se trouvaient près du corridor de Netzarim, dans le centre de la bande de Gaza, a-t-il précisé, en ajoutant que 15 personnes avaient été blessées par l’armée dans les mêmes« rassemblements de civils attendant de l’aide humanitaire ». Un événement similaire s’est produit peu après l’aube dans le sud de la bande de Gaza, près du rond-point d’Al-Alam, où au moins trois personnes ont été tuées par« les tirs de l’armée israélienne », selon l’organisation de secours.

Ces lieux se situent à proximité de centres de distribution d’aide gérés parla société Fondation humanitaire de Gaza (GHF). Des milliers de personnes viennent chaque jour dans divers secteurs du territoire assiégé, dans l’espoir de recevoir de la nourriture, comme l’ont constaté des correspondants de l’AFP.

Israël a imposé, au début du mois de mars, au territoire un blocus humanitaire, partiellement assoupli fin mai, qui a entraîné de très graves pénuries de nourriture, médicaments et autres biens de première nécessité.La GHF, soutenue par les Etats-Unis et Israël, au financement opaque, a commencé à distribuer de l’aide fin mai, mais ses distributions ont été marquées par des scènes chaotiques et meurtrières. La population de Gaza« a désespérément besoin de plus d’aide », a déclaré samedi la GHF, se disant« prête à collaborer avec d’autres organisations humanitaires »pour répondre aux besoins de la population.

Depuis, 450 personnes ont été tuées et près de 3 500 autres blessées en tentant d’atteindre les points de distribution d’aide à Gaza, selon le dernier bilan actualisé du ministère de la santé de Gaza, administrée par le Hamas, dont les chiffres sont jugés fiables par l’ONU.

Quatre autres personnes ont été tuées dans des raids aériens israéliens, toujours selon M. Bassal, trois à Choujaïya, dans le nord de la bande de Gaza, et une à Khan Younès, dans le Sud.

L’armée israélienne a également détruit plus de dix maisons dans le nord de la bande de Gaza, où d’importants bombardements israéliens ont été menés au cours de la nuit, d’après la défense civile. Sollicitée par l’AFP, l’armée israélienne n’a pas répondu dans l’immédiat.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d’accès sur le terrain, l’AFP n’est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la défense civile.

Entre Marine Le Pen et Jordan Bardella, le poison lent de la concurrence

« Putain, quelle année… »Ce 14 mai, Marine Le Pen vient d’enterrer l’un de ses avocats, MeFrançois Wagner, presque un membre de la famille. Son père, MeGeorges-Paul Wagner, incontournable avocat de Jean-Marie Le Pen et de l’extrême droite monarchiste ou catholique intégriste, l’avait accueillie dans son cabinet, sitôt le barreau obtenu, en protégée. François Wagner, héritant de ses convictions et de la clientèle,l’avait encore défendue en 2024 lors du procès des assistants parlementaires du Front national, organisant chez lui les réunions préparatoires.

Un verre à la main, larmes séchées, la députée du Pas-de-Calais fait le compte, avec d’autres robes noires, de ses malheurs des derniers mois :la perte de son pèrele 7 janvier, apprise à distance, dans un avion la ramenant de Mayotte ;sa peine d’inéligibilité ferme avec exécution provisoire, qui l’a cueillie par surprise le 31 mars, n’ayant pas voulu voir l’échec de la stratégie de défense ; et cette disparition soudaine d’un ami.« Son état d’esprit depuis janvier, c’est le deuil. Et il n’a pas agi comme un moteur… », s’alarme un conseiller.

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Canicule : la vague de chaleur culmine, les autorités appellent à la prudence

La Fête de la musique s’annonce brûlante. La vague de chaleur culmine, samedi 21 juin, sur l’ensemble de la France, avec 16 départements toujours placés en vigilance orange canicule, surtout dans l’Ouest, où les températures devraient dépasser 35 °C pour la deuxième journée de suite.

« Ce samedi après-midi constitue le pic de l’épisode sur une grande moitié sud-ouest du pays », souligne Météo-France dans son dernier bulletin. Samedi à 15 h 30, les températures atteignaient 38 °C à Saintes, 37 °C à Niort et 35 °C à Rennes, selon l’établissement public. Sur la moitié est du pays, le pic de chaleur est attendu dimanche, avec des températures allant de 34 °C à 37 °C.

« Un rafraîchissement s’amorce par l’ouest samedi soir, certains départements bretons et normands sortant de la vigilance orange à 22 heures, avec un vent tournant brusquement à l’ouest et soufflant jusqu’à 60/70 km/h en rafales à la côte », ajoute-t-il. Ce rafraîchissement s’étendra à la moitié ouest du pays dimanche matin, mais 13 départements au total resteront placés en vigilance orange toute la journée de dimanche, dans une zone allant de la Mayenne aux deux Charentes, à laquelle s’ajoutent le Rhône et l’Isère.

La vague de chaleur a déjà eu raison de certains événements, annulés par mesure de précaution. C’est le cas à Brive, où la municipalité a annoncé l’annulation de certains concerts, ou comme à Tours, où un concert choral qui devait avoir lieu à 17 heures dans la cour du Palais de justice a été annulé, Météo-France prévoyant 36 °C en fin d’après-midi.

Face à cette vague de chaleur, le ministre de la santé, Yannick Neuder, a insisté samedi sur« les règles essentielles : ne pas s’exposer à la chaleur, particulièrement entre 11 heures du matin et 16 heures, s’hydrater et boire de l’eau(…)se couvrir, mettre des chapeaux, des casquettes, de la crème ».

« Ce soir il y aura la Fête de la musique, il faut modérer ses consommations d’alcool, particulièrement quand il fait chaud », a-t-il ajouté lors d’un déplacement à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne).

Si la vigilance orange canicule est maintenue de la Manche aux Charentes et du Morbihan à l’Indre-et-Loire, ainsi que dans le Rhône et l’Isère, pour toute la journée de samedi, les nuages et parfois des ondées se manifesteront sur certaines régions dans l’après-midi. Une soixantaine d’autres départements ont été placés en vigilance jaune canicule pour la journée de samedi, la plus chaude de la semaine, et six pour les orages.

En attendant la fin de cet épisode précoce de chaleur, un certain nombre de villes ont annoncé qu’elles laisseraient ouverts les parcs et jardins toute la nuit au moins jusqu’à dimanche, pour permettre aux habitants de se rafraîchir, à l’instar de Tours et de Rennes.

Au-delà de ce week-end,« on va avoir un été caniculaire(…)on parle de plus de 10 degrés de différence par rapport à la même période »(…) il faut que les municipalités s’organisent pour aller voir« les personnes âgées, les personnes handicapées », a prévenu samedi le ministre de la santé. Les personnes les plus vulnérables doivent pouvoir trouver« des espaces de fraîcheur, des îlots de fraîcheur », des« salles climatisées qui sont mises à disposition »par certaines communes, notamment les bibliothèques ou médiathèques.

Pour éviter l’engorgement des urgences, M. Neuder a appelé à trouver une solution en amont, auprès du médecin traitant notamment, avant d’aller à l’hôpital, qui doit rester« le dernier recours ».« C’est tous ensemble qu’on pourra faire en sorte que la France passe cette vague de chaleur », a encore dit le ministre. Près de 3 700 décès liés à la canicule ont été recensés l’an dernier,« il faut qu’on soit solidaires ».

La Gironde était en vigilance jaune, vendredi, mais il faisait encore 36 °C vers 19 heures à Bordeaux, où plusieurs dizaines de milliers de visiteurs sont attendus jusqu’à dimanche pour le festival Bordeaux fête le vin. Dans l’après-midi, les participants s’agglutinaient à l’ombre des arbres et des parasols, évitant au maximum les quais de pierre surchauffés de la Garonne.

Sous un soleil de plomb, avec des températures nocturnes inhabituellement élevées, écoles, maisons de retraite, collectivités et entreprises doivent s’adapter.

A Toulouse, les piétons fuyaient la chaleur, notamment place du Capitole, où de grandes ombrières permettent, selon la mairie, de réduire la chaleur de 5 °C en moyenne.

EDF anticipe, pour sa part, de possibles baisses de production sur le site de la centrale nucléaire du Bugey (Ain) la semaine prochaine, en raison des températures élevées du Rhône, qui refroidit l’installation. Le groupe a avancé à lundi, au lieu de mercredi, le début de ces restrictions. Ces prévisions seront affinées à« J -1 », a précisé EDF.

Plusieurs départements ont émis des alertes concernant la pollution à l’ozone samedi, notamment en Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Occitanie. A Lorient (Morbihan), l’agglomération a décidé la gratuité des transports en commun et la préfecture a décrété l’abaissement à 90 km/h de la vitesse sur les routes nationales du Morbihan à partir de vendredi 20 heures.

C’est la cinquantième vague de chaleur recensée par Météo-France depuis 1947 et parmi l’une des plus précoces.« Vingt-cinq ont été observés entre 1947 et 2010 »et« 25 déjà entre 2011 et 2025 », ce qui« montre bien l’accélération »de la fréquence sur fond de changement climatique, relève Loriane Baté, climatologue de Météo-France.

La France métropolitaine s’est déjà réchauffée d’au moins 1,7 °C par rapport à l’ère préindustrielle, avant la combustion massive du charbon, du pétrole et du gaz, et les pouvoirs publics se préparent à un réchauffement de 4 °C d’ici à la fin du siècle.

Le réchauffement climatique rend les vagues de chaleur plus précoces et tardives, plus fréquentes, plus longues et plus intenses.

Les sites pornographiques Pornhub, YouPorn et RedTube de nouveau accessibles en France

YouPorn, Pornhub et RedTube sont de nouveau accessibles en France. Leur propriétaire, le groupe Aylo, leader de l’industrie pornographique en ligne, en a fait l’annonce vendredi 20 juin, à la suite d’une décision de justice favorable aux acteurs du secteur. Ces trois sites, qui comptent parmi les portails pornographiques les plus visités (Pornhub revendique 7 millions de visites quotidiennes dans l’Hexagone), étaient fermés depuis deux semaines sur le territoire français. Aylo entendait ainsi protester contre l’obligation lui étant faite de vérifier l’âge de leurs visiteurs.

Ce blocage auto-imposé était entré en vigueur le 4 juin, quelques jours avant une date butoir permettant à l’Arcom de sanctionner et de bloquer un certain nombre de sites domiciliés dans l’Union européenne (UE) et ne se conformant pas à la loi – parmi lesquels Pornhub, YouPorn et RedTube (établis à Chypre). Sauf que, coup de théâtre, le tribunal administratif de Paris a suspendu ce dispositif, par une décision rendue lundi.

Pour bien comprendre, il faut savoir que, compte tenu de la loi française, l’Arcom ne peut agir aujourd’hui que contre les sites pornographiques établis en France ou hors de l’UE. Si elle souhaite sanctionner des sites domiciliés dans un pays européen, elle doit passer par une procédure prenant plusieurs mois et la notifier aussi bien à la Commission européenne qu’aux Etats membres concernés, afin d’être en conformité avec le droit européen.

C’est ce qu’a fait la France en publiant en février un arrêté listant 17 sites pornographiques gérés à partir de pays comme Chypre, le Portugal, ou encore la Hongrie, contre lesquels elle souhaitait prendre des mesures de blocage. Or, c’est justement cet arrêté, attaqué en justice par le site Xhamster, qui a été suspendu en début de semaine, dans une décision surprise arguant que le texte ne respectait toujours pas le droit européen. Le gouvernement français a manifesté son intentionde se pourvoir en cassationdevant le Conseil d’Etat pour contester cette décision.

La suspension de cet arrêté est un sérieux revers pour l’Arcom. Elle perd ainsi, pour l’heure, tout moyen d’action contre les nombreux sites domiciliés à Chypre et dans d’autres pays de l’UE. C’est aussi une déconvenue pour le gouvernement français, qui a engagé un bras de fer avec les leaders de la pornographie en ligne il y a cinq ans et fait voter deux textes de loi successifs à cette fin : la loi de lutte contre les violences conjugales, en 2020, et la loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique, en 2024.

En rouvrant Pornhub, RedTube et YouPorn, Aylo s’est fendu d’un nouveau message saluant la décision du tribunal, et réitérant son refus de mettre en place des outils pour vérifier que les personnes consommant de la pornographie sont bien majeures. Le groupe argue depuis toujours que cette vérification doit se faire au niveau du téléphone ou de l’ordinateur, renvoyant la balle à Apple, Google et Microsoft.

De son côté, la France mène également la bataille au niveau de l’UE, pour parvenir à ce que des textes européens imposent sur l’ensemble du territoire de l’union une vérification d’âge pour protéger les mineurs en ligne et les empêcher d’accéder à des contenus pornographiques. La Commission européenne a récemment ouvert une enquête visant plusieurs sites… dont Pornhub.

« Je voulais continuer le combat pour une pêche artisanale durable à l’échelle d’un quartier »

Notre boutique est le fruit de notre amitié et de notre complémentarité. Yannick et moi avons des parcours différents, qui se rejoignent autour de la cuisine et de nos convictions. Je suis originaire de Nantes, j’ai toujours aimé la cuisine et je me suis très vite orienté dans cette voie, avec un BEP en école hôtelière, puis un brevet professionnel en apprentissage dans un établissement étoilé. J’ai travaillé dans des restaurants à Nantes, à Rennes, à Paris, où j’ai découvert la bistronomie et l’exigence des produits. Le métier m’excitait énormément, les coups de feu, la tension permanente, mais il y avait aussi les insultes et les violences en cuisine.

A un moment donné, je me suis rendu compte que je ne voulais pas devenir un cuisinier violent et aigri qui ne voit plus sa famille. J’ai tout plaqué pour devenir infirmier. En parallèle, en 2015, j’ai commencé à travailler chez Poiscaille, une société de distribution de poissons issus de la pêche côtière artisanale, en direct des producteurs. J’ai réalisé que ce qui me plaisait le plus, c’était l’entrepreneuriat, le développement d’un modèle dans le secteur alimentaire, avec un pied dans la restauration. Je passais mes nuits au service réanimation à l’hôpital et mes journées à vendre du poisson durable.

Yannick et moi nous sommes rencontrés par l’intermédiaire d’un ami commun, dont nous étions les témoins de mariage. Après une carrière dans l’audiovisuel, il venait de se reconvertir en passant un CAP cuisine. Il avait besoin d’un métier passion et a bossé dans divers bistrots parisiens, avant de prendre conscience, lui aussi, de la dureté du milieu.

Un jour, la mairie de Montreuil est venue nous voir à l’entrepôt de Poiscaille, pour nous proposer d’implanter une poissonnerie dans la rue marchande du quartier. Les fondateurs de Poiscaille n’étaient pas intéressés, alors que je rêvais d’avoir un lieu. Je voulais continuer le combat pour une pêche artisanale durable à l’échelle d’un quartier, en créant en plus une partierestauration à emporter. J’ai proposé à Yannick de gérer la partie cuisine et moi la partie poissonnerie. Nous nous sommes associés pour ouvrir Montreuil sur Mer en 2020.

Comme Poiscaille, nous œuvrons directement avec les producteurs, des pêcheurs en bateau de moins de 12 mètres, travaillant au petit filet, au casier, à la ligne, à pied ou en plongée. Pas de chalut, pas de drague, pas d’engin qui endommage les fonds marins. Et une sélection de poissons durables de nos côtes.

Notre plus-value, ce sont les plats à emporter que nous préparons en fonction des arrivages : acras, rillettes de thon germon, bo bun au poulpe, foie de lotte confit, vitello tonnato, moules marinées au pesto, tartare de truite… et l’un de nos best-sellers : la brandade de merlu (poisson blanc plus durable que la morue, qui n’est rien d’autre que du cabillaud salé et séché). C’est un plat que me préparait ma grand-mère et que Yannick, d’origine portugaise, adorait dans son enfance. Un plat simple, qui parle à tout le monde, qui allie nos origines et les valeurs que nous portons.

Poissonnerie Montreuil sur Mer, 15, rue de l’Eglise, Montreuil (Seine-Saint-Denis).

La couturière Lucy Duff Gordon, une lady libre effacée par l’histoire

RécitSon nom est tombé dans l’oubli, pourtant elle fut une couturière britannique reconnue au début du XXᵉ siècle, célèbre pour ses robes de thé à porter sans corset. Personnalité hors du commun, elle a mené une vie tumultueuse, jusqu’à compter parmi les survivants du naufrage du « Titanic », en avril 1912.

En arrivant à l’Hôtel Ritz-Carlton, à New York, ce 18 avril 1912, trois jours après le naufrage duTitanic,la couturière Lucy Duff Gordon – réputée pour sa griffe romantique, baptisée Lucile – et son époux, Cosmo, sont accueillis chaleureusement. Dans leur suite, des brassées de fleurs et des vêtements propres ont été préparés.« Au dîner, ce soir-là, tout le monde était très gai et nous avons bu du champagne »,rapporte-t-elle dans ses Mémoires (Discretions and Indiscretions,1932, non traduit). Une parenthèse d’insouciance après l’épreuve. Mais à leur retour à Londres, quelques jours plus tard, les journaux affichent à la une : « Le scandale Duff Gordon ». Les vendeurs à la criée les interpellent sans les reconnaître :« Découvrez l’histoire des lâches duTitanic! »

Les lecteurs ont déjà appris que le couple est parvenu à s’extraire très tôt du paquebot, dont le naufrage n’en finit pas de fasciner, même cent treize ans plus tard, comme le prouve la sortie, en avril, du documentaire de National GeographicL’Histoire invisible du Titanic.Vers 1 h 15, dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, les Duff Gordon montent dans le canot no1. Ils fuient le navire qui prend l’eau aux côtés de dix autres personnes, dont leur femme de chambre, Laura Mabel Francatelli, surnommée « Miss Franks », sur cette embarcation prévue pour accueillir… quarante individus.« Le bateau des millionnaires »,étrillent les tabloïds alors que sont créées deux commissions d’enquête aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.

L’épisode fameux n’est qu’un des nombreux rebondissements de la vie tumultueuse de Lucy Duff Gordon, l’une des couturières les plus célèbres du début du XXesiècle. Pourtant, alors que 2025 marque le 90eanniversaire de sa mort, qui se souvient de cette pionnière qui faisait« le mieux autorité dans la façon dont le beau sexe doit s’habiller »,écrivait leNew York Timesen 1916 ? Ses plus fameux contemporains, et rivaux, ont droit à des expositions à leur gloire à Paris :Charles Frederick Worth (1825-1895), au Petit Palais, jusqu’au 7 septembre, et Paul Poiret (1879-1944) au Musée des arts décoratifs, à compter du 25 juin. Lucy Duff Gordon, elle, a sombré dans l’oubli.

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